Tassin la Demi-Verte

  "Ça pue !"
(automne 2004)
    Bienvenue !
    Après les ardeurs estivales (voir "la Canicule") voici l'automne et la rentrée.
    La "rentrée". Ne pourrait-on pas tout aussi bien écrire la "rantrée" puisqu'il s'agit davantage de reprendre son rang plutôt que d'entrer quelque part ! Et de reprendre son rang... dans le trafic.
   Rapidement, voici le tableau : Tassin, une banlieue ouest de Lyon, bon chic bon genre, proprette, 17 000 habitants, quelques belles maisons particulières du début du siècle (1900-), ses petits commerces de proximité, peu de grands ensembles; et voilà qu'on nous - qu'on vous - vante son cadre "privilégié" ! L'image est vendeuse : c'est la belle petite ville sans les inconvénients de la grande. Et on casse ces belles demeures au charme des photos d'antan pour construire, dans ces petits parcs aux arbres - à l'arbre serait alors plus juste - centenaires de beaux immeubles bien chers.
    Et tous (municipalité, promoteurs, acheteurs) de s'enorgueillir de gonfler la population locale de 10 % en 10 ans.
    Pourquoi pas.
    Et derrière l'écran de fumée ?
    Ici la réalité c'est le règne de la bagnole : +/- 45 000 véhicules par jour qui traversent la commune, un des goulets d'étranglement entre l'ouest et Lyon.
    C'est un piéton qui vous parle.
    Ici ça ne sent plus la résine de cèdre et le lilas !
    Ici ça pue ! Ça pue les gaz d'échappement toujours, le gaz de ville parfois, et tantôt selon le vent, le potage de légumes en poudre (mais que fabriquent-ils donc dans ces usines chimiques de la vallée du Rhône ?) !
Comme 10 % de population en plus, c'est aussi 10 % de trafic en plus, je souhaite tout simplement la bienvenue aux nouveaux habitants, à ceux qui ont signé bien cher pour l'ombre parfumée des cèdres !
    Malheureusement, au-delà des particularismes locaux, cette situation est facilement transposable ailleurs dans d'autres communes.

    Zonage
    Après cet amer constat il convient de remonter aux raisons de ce phénomène. Ne vous êtes-vous jamais demandé devant ces files de voitures :"mais où vont tous ces gens ?" Car le réel problème, ce n'est pas un problème d'infrastructure, de routes à 2 ou 4 voies, de péage, de transports urbains, d'horaires flexibles, etc.
    Non. Le réel problème s'appelle "zonage".
    Le zonage c'est quoi ? C'est la planification urbaine et suburbaine qui consiste à dédier des secteurs géographiques à une ou à un type d'activités... En clair cela consiste à travailler loin de chez soi. On dort dans une cité dortoir, on travaille ailleurs dans un centre tertiaire.
    Le trafic urbain, ce n'est pas un problème de voirie, mais de répartition de l'activité. La clef est là et tous (politiciens, sociologues, entrepreneurs, urbanistes, particuliers) semblent l'ignorer, personne ne remettant en cause cet état de fait.
    Or c'est un problème qu'il conviendrait de réactualiser.

    Le zonage pensé au début du XXe siècle par Tony Garnier, Le Corbusier et consorts reposait sur un double principe : la séparation des activités humaines et leur concentration dans des zones dédiées : industries, services, habitat et loisirs reliées par des voies de circulation, maintenant sous-dimensionnées.
    Si cette concentration industrielle a longtemps été un facteur de progrès, de confort et de profits, on assiste
aujourd'hui à des fermetures et un départ massif des industries hors des centres urbains voire hors de France. Les surfaces libérées sont alors annexées par la zone la plus proche qui ainsi s'étend, ce qui aboutit de fait à un renforcement d'un zonage exclusif. On accroît simplement le rapport d'échelle : au lieu d'un zonage par quartiers on obtient un zonage par secteurs d'agglomération urbaine ou même par ville (villages dortoirs en banlieue).

    Remède ?
    Ne pourrait-on alors penser autrement la répartition de l'activité ?
    Ne peut-on envisager de briser ce zonage exclusif, et passer à des activités diversifiées (primaires, secondaires et tertiaires) dans chaque zone existante afin que les gens trouvent ou puissent créer des emplois près de chez eux ?
    Ne pourrait-on pas penser -logiquement- que pour implanter avec succès 10 % de population en plus, il faudrait également créer la proportion adéquate d'emplois sur ce même secteur ? La population active représentant actuellement 20 à 25 % de la population totale, il conviendrait de créer cette même proportion d'emplois à chaque nouveau projet d'urbanisme.
Cela ne signifie pas qu'il faudrait nécessairement travailler en bas de chez soi, mais que ce serait possible à une distance raisonnable puisque l'emploi serait réparti géographiquement au lieu d'être concentré, transformant le zonage mono-activité en un zonage multi-activité. Il est en effet pour le moins étonnant que ce genre de critère existe pour certains équipements (écoles, pharmacies par ex.) mais ne soit ni prévu, ni tenté, ni exigé pour les activités professionnelles en général, que les décideurs se contentent et se gaussent de construire des logements sans se demander ce que vont bien être amenés à faire ces gens ? !

    La prochaine fois que vous monterez dans votre auto, demandez-vous "pourquoi" ?

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